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StephV
Alteryx Alumni (Retired)

 

 

La donnée est présentée comme le nouvel or noir des entreprises depuis une décennie déjà. TOM.travel s’est entretenu avec le Dr. Heike Markus, Senior Consultant Strategic Planning pour l’aéroport de Munich, afin de savoir comment l’opérateur aéroportuaire s’appuie sur l’analyse de données pour orienter ses décisions stratégiques et accroître ses performances opérationnelles.

 

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Dans quels domaines l’aéroport de Munich développe-t-il une approche pilotée par la donnée ?

 

 

Dr. Heike Markus, Senior Consultant Strategic Planning pour l’aéroport de Munich.  Crédits : Dr. Heike MarkusDr. Heike Markus, Senior Consultant Strategic Planning pour l’aéroport de Munich. Crédits : Dr. Heike Markus
Dr. Heike Markus : Depuis 3 ans, nous utilisons des modèles de données pour piloter plusieurs activités au sein de l’aéroport. Nous nous appuyons par exemple sur des données macro-économiques pour établir des modèles d’aide à la décision et mieux anticiper les évolutions futures du marché. L’objectif étant d’évaluer par exemple l’impact sur l’activité de l’aéroport entraîné par un scénario comme le Brexit, non seulement sur le trafic des passagers, mais également pour anticiper la réaction du marché et identifier les routes et les connexions intéressantes. Nous appliquons la même approche pour identifier quels sont les produits les plus susceptibles d’intéresser les voyageurs américains ou chinois lors de leur passage à l’aéroport. Un autre exemple dans le Retail, consiste à aller chercher à vérifier si l’augmentation des ventes en ligne constitue une menace pour les ventes physiques.

 

Globalement, nous combinons des données internes remontées par les magasins de l’aéroport, via des API ou de façon manuelle dans certains cas, à des données externes comme les taux de change, les PIB ou encore l’immobilier. Nous nous appuyons également sur Global Blue pour analyser les données relatives au marché aérien. Plusieurs collaborateurs s’occupent de l’analyse des données dans les différents départements de l’aéroport. Notre équipe stratégie, composée de cinq « data scientists » (« expert en mégadonnées » selon Legifrance, ndlr), est chargée de coordonner l’ensemble de ces actions afin d’identifier les cas d’usage les plus pertinents.

 

Quels sont les objectifs et les résultats de cette approche ?

 

Nous visons plusieurs objectifs avec cette approche. En matière d’investissement, il s’agit d’identifier les opportunités et les risques en simulant différents scénarios. Cela nous permet aujourd’hui d’être beaucoup plus réactifs et rapides dans la prise de décision financière. Mais l’analyse de données répond également à des objectifs plus opérationnels comme l’optimisation du catalogue de produits dans les enseignes de l’aéroport ou encore l’identification des emplacements les plus stratégiques lors de l’ouverture de nouvelles boutiques.

 

Là encore, nous constatons un gain de rapidité lorsqu’il s’agit d’ajouter ou non un nouveau produit aux enseignes de l’aéroport pour toucher davantage les voyageurs français ou italiens par exemple. L’analyse de données nous a permis d’identifier des marques plébiscitées par ces passagers qui n’étaient jusqu’alors pas présentes dans nos rayons. Globalement, la donnée nous permet de résoudre des problèmes identifiés en amont, mais parfois cette approche met en lumière des problématiques futures insoupçonnées. Dans ces cas-là, nous utilisons la donnée pour nous y préparer au mieux.

 

L’aéroport de Munich prévoit d’accueillir 16 millions de passagers en 2030, comment l’analyse des données vous permet-elle de vous préparer à ce scénario ?

 

La hausse du nombre de passagers prévue oblige les acteurs à optimiser leurs ressources et leurs procédures. L’objectif étant de fluidifier le passage des voyageurs à l’aéroport et ainsi d’éviter qu’un embouteillage au contrôle de sécurité n’entraîne un effet boule de neige sur le reste du parcours voyageur. Grâce à l’analyse de données, nous sommes en mesure de visualiser dans quelle zone pourrait avoir lieu le prochain embouteillage et quel impact il engendrerait. Cela nous permet ensuite d’optimiser les procédures pour accroitre nos performances lors des phases de fortes affluences.

 

Prévoyez-vous de commercialiser ce service d’analyse à des compagnies aériennes par exemple ?

 

C’est un sujet auquel nous réfléchissons. Nous enregistrons une demande croissante de la part de nombreuses compagnies aériennes, mais aussi d’aéroports qui souhaitent pouvoir s’appuyer sur ce service. Pour autant, nous ne sommes actuellement pas prêts à sa commercialisation car il y a encore beaucoup de problématiques de gestion et de sécurité à adresser en amont.

 

Quels conseils donneriez-vous aux organisations qui souhaitent développer ce type d’approche ?

 

Il faut avant tout développer une culture d’entreprise soucieuse de la donnée. Il faut comprendre comment la donnée peut être analysée ou structurée. Cela implique de nombreuses expérimentations avant de parvenir à mettre en œuvre une approche opérationnelle et efficace. Ainsi, les profils avec une formation en informatique constituent un atout pour développer une telle approche. Mais l’ouverture d’esprit globale de l’entreprise est à mon sens essentielle pour mener à bien ce genre de projet.

 

 

Photo d’ouverture : VanveenJF (image d’illustration)

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